La composition des équipes

La composition des équipes est un autre aspect auquel vous devez réfléchir. En effet, est-ce toujours judicieux de laisser aux personnes de votre classe le libre choix de leurs collègues? Est-ce que certains contextes d'apprentissage seraient favorables à ce que les membres de votre classe se fassent imposer leurs collègues?

Ce que dit la littérature

Arguments en faveur du choix imposé (délibéré ou aléatoire)

Pour Oakley et al. (2004), c'est l'enseignant qui devrait former les équipes de travail. En effet, que sa sélection soit le fruit d'un choix délibéré ou qu'elle soit aléatoire, il est en meilleure position pour former des équipes hétérogènes en termes d'affinités personnelles, d'habiletés et de force académique. Pour ces auteurs, ce type d'équipe serait préférable aux équipes homogènes (toujours en termes d'affinités personnelles, d'habiletés et de force académique).

Ils appuient leur affirmation sur les arguments suivants :

  • Cela reflète le marché du travail.
  • Lors d’un libre choix, les personnes « plus fortes » ont tendance à se regrouper, ce qui empêche les autres de profiter de leur exemple dans leur utilisation de stratégies pour accomplir la tâche.
  • Les « plus forts » ont tendance à se diviser le travail plutôt que de travailler ensemble.
  • Cela prive les « plus forts » de jouer un rôle de mentorat auprès des autres.
  • Les équipes formées de gens qui se connaissent déjà ont une plus grande tendance à tricher.

Une professeure s'adresse à ses étudiants

Arguments en faveur du libre choix

Pour Proulx (1999), la possibilité pour les personnes d'une classe de choisir leurs coéquipiers comporte plusieurs avantages. D'emblée, lorsqu'on leur laisse le choix, elles formeront les équipes sur la base de leurs affinités personnelles et ainsi :

  • Les échanges interpersonnels peuvent être plus faciles (tout le monde se connait déjà et évolue dans un relatif confort affectif).
  • Le temps d'adaptation des membres entre eux, et donc le temps de démarrage du projet, est potentiellement moins long.

Une professeure regarde ses étudiants

Des groupes à risque de décrochage?

Dans votre programme d'études, y a-t-il des groupes (ethniques, sexuels ou autre) à risque de décrochage? Si oui, plusieurs études ont démontré que lorsque des membres de ces groupes se trouvent isolés dans les équipes de travail, ils ont tendance à adopter un rôle passif, ou à se faire confiner dans un tel rôle. Résultat? Ils perdent les bénéfices associés aux interactions dans une équipe, vivent un sentiment d'isolement qui peut se généraliser en un sentiment d'isolement à l'égard du corps étudiant en entier, et éventuellement contribuer à leur décrochage.

Pour ces raisons, les études recommandent, dans les deux premières années du curriculum, de former des équipes dans lesquelles un membre d'un groupe à risque de décrochage n'est pas isolé. Ensuite, le risque de décrochage diminue et le point de mire du curriculum devrait se tourner vers la préparation à la vie professionnelle, là où on ne porte pas nécessairement attention à ne pas isoler les membres de ces groupes.

Crayons couleurs dont un a la mine brisée
Flèche vers le bas

Ce qui se passe dans votre classe

Les lignes directrices avancées par la littérature doivent évidemment être nuancées à l'aune de votre propre contexte de classe. Ainsi, la tâche que vous planifiez s'adresse à des personnes de quelle année? Selon vous, la probabilité est-elle élevée que le libre choix les amène à former des équipes homogènes en termes d'affinités, d'habiletés et de force académique? Si oui, est-ce que cela est compatible, ou non, avec les objectifs que vous avez fixés pour ce travail?

En effet, au final, ce qui demeure essentiel, c'est que vous ayez en tête les objectifs du travail lorsque vous procédez à la composition des équipes, et que cela mène à la formation de groupes relativement équilibrées qui pourront produire un travail de qualité.

Une enseignante parle à ses élèves dans une classe
Flèche vers le bas